Johanna Perret et Flavien Louis
Du 10 janvier au 13 mars 2024
“C’est un indice, une manifestation, un symbole ou encore un symptôme. Une chose perçue qui permet de conclure à une existence ou à une vérité. C’est aussi un signal destiné à communiquer avec quelqu’un, à faire savoir quelque chose.
C’est le moment qui précède l’aurore, lorsque la lumière du soleil commence à révéler l’horizon, le commencement d’un nouveau cycle.
Les signes de l’aube sont imperceptibles, ils appartiennent à un espace-temps si tenu qu’on pourrait les comparer à une « apesanteur temporelle », suspendue entre deux mondes.
Dans cette exposition, il est question de cheminement, de matière et de lumière. Ce n’est ni le jour, ni la nuit, mais une itinérance entre les deux, l’un signalant l’autre.
Signes de l’aube est le croisement du travail de deux artistes ayant des préoccupations communes et un même rapport à leur environnement : la montagne.
Flavien Louis a une pratique pluridisciplinaire, entre le dessin, la gravure, l’installation et le modelage, avec pour point commun la minéralité. Ses images sont issues du croisement de sources diverses, autant scientifiques, documentaires que poétiques. Il explore la graphie de la matière pour en extraire des motifs qui sont, parfois, à la lisière de la figuration mais toujours solidement ancrés dans le réel.
Les hauteurs montagnardes ne tolèrent que les voies, les chemins ou les pistes. Elles sont si parfaitement intégrées à leur environnement, qu’elles en deviennent indistinctes voire dangereuses. Il devient alors nécessaire de dresser des signes, des amoncellements de pierres, indices symptomatiques d’une présence invisible et bienveillante.
Johanna Perret est peintre à l’huile, avec une
préférence pour le glacis. Cette technique permet le travail de la lumière par une longue accumulation de couches de peinture, qu’elle aime comparer aux strates constitutives de l’ardoise, une roche fissible et métamorphique très présente sur son territoire. Le regard qu’elle pose sur les montagnes qui l’entourent est à voir comme un état des lieux sur une période en transition. Elle se positionne comme une peintre paysagiste classique, peignant simplement ce qu’elle voit : une nature grandiose disparaissant sous des brouillards aux couleurs irisées. Native, vivant et travaillant dans la vallée de l’Arve, il n’est plus de place au doute, c’est bien de la pollution de l’air dont nous parlons. Malgré cet amer constat, ses peintures ne parlent pas tant de la fin d’une époque que de l’avènement d’un monde nouveau, ou plutôt du cheminement vers celui-ci.
Outre l’évident lien aux montagnes, le travail de ces deux artistes fait un silencieux écho à la brève, mais assourdissante, présence de l’humanité dans le paysage alpin. Plus largement, Flavien Louis et Johanna Perret nous rappellent à cette réalité : le monde est en transition et nous, humains, attendons les signes de l’aube.”
Merci aux
Johanna Perret
Pièges et mirages ( extraits )
Version intégrale sur : www.courte-line.net/pieges-et-
Flavien Louis
Né en 1986, Flavien Louis vit depuis treize ans en Haute-Savoie à 1300 mètres d’altitudes sur le bord du massif des Aravis.
La pratique de Flavien Louis s’intéresse à l’image d’archive : photos d’anonymes, gravures, précis scientifique et zoologique. Ces fonds sont les bases d’un vocabulaire iconographique, qui une fois détournés, fractionnés, agrandis, recomposés, redessinés, multipliés ouvrent un champ de compositions et de variations poétiques.
De part son lieu de vie, aujourd’hui ses questionnements s’orientent davantage vers des problématiques tournées vers le paysage montagnard. La place du minéral, de la trace humaine dans l’espace alpin devient un motif récurant dans ses créations. Le caillou mu par la main humaine qui devient signifiant sous forme de cairn ou de mur.
Son travail artistique se positionne également de plus en plus entre les arts graphiques et la scénographie, que ce soit pour des compagnies d’opéras ou pour des installation artistiques.